photo : laurent deglicourt |
ce matin je me suis réveillée à 6h et je suis partie marcher au bord de la mer avec la Femme sauvage
J’avais passé la soirée puis la nuit avec elle, cette "boueuse racine de toutes les femmes" qu’évoque Clarissa Pinkola Estés, à 4h déjà elle m’avait réveillée
et elle sera là dans le texte sur femmes et écriture pour lequel D-Fiction
(en la personne de Caroline Hoctan) m’a sollicitée
elle est déjà là dans les figures féminines et masculines de Poreuse ou du Journal du brise-lames
en marchant j’ai repensé au Petit observatoire de littérature décalée d’Eric Bonnargent et je suis revenue avec la certitude qu’une Femme sauvage est toujours atopos
28 Octobre
Elle s’appelle Mathilde, Emmanuelle, Leïla, Dorothy et Constance.
Elle vient régulièrement par bateau, trois ou quatre fois par semaine, depuis le début des travaux.
Elle porte une salopette large et des boucles rousses assez exubérantes.
photo : cécile viguier |
Elle porte des cheveux très blonds et très courts, un jean et c’est tout ou presque.
Elle porte un caban et des tresses noires dans le dos qu’elle attache en un nœud commode pour faire les manœuvres sur un bateau. Parce qu’elle vient seule, elle est donc aux commandes.
Elle marche plutôt vite et sort à chaque fois du même sac en toile le même carnet noir luisant, on croirait dans sa main une moule qui s’ouvre. A grandes enjambées elle écrit puis renfourne le petit carnet pour le tirer aussitôt de son sac, toujours le même micmac et on peut logiquement se demander : mais pourquoi ne le garde-t-elle pas à la main. On dirait que ce qu’elle écrit est dicté par le double mouvement de la marche et de cette main qui tire et renfourne, tire et renfourne, tire.
Extrait du Journal du brise-lames
mardi 30 août 2011, par