Je suis la sentinelle. Je veille.
Sa peau est fragile, je l’ai écorchée lorsque sous moi elle s’est glissée. Ce n’est pas la mer qui l’a jetée dans le creux de mon être rugueux. Je vois défiler dans mon ombre les objets les plus divers refoulés par la mer. Cadavres de bouteilles, le plus souvent. Elle, elle ne s’est pas échouée. Elle m’a choisi.
Elle sent moiteur, elle sent douleur. C’est un corps étranger que j’héberge. Je ne sais quoi en penser. J’ai fait un tour dans ses rêves. J’y ai trouvé : une croix à porter, une grande étendue gelée. Je n’y suis pas resté.
Je suis la sentinelle. Je suis de pierre et jamais je ne dors.
Elle s’est blottie contre mon écorce et depuis 121 ans exactement, elle pleure. Jusque dans son sommeil.
C’est ainsi. Les humains font monter le niveau de la mer.
mardi 30 novembre 2010, par
Messages
30 décembre 2010, 06:28, par Aurélie Lesage
J’aime beaucoup se texte. Entre mer et mère...
31 décembre 2010, 07:02
aurélie, je crains d’avoir une fâcheuse tendance à inventer des mères porteuses (en particulier dans Poreuse, ici un de ces gros blocs de pierre qui font barrage à la mer)
8 janvier 2011, 15:39, par Candice
je découvre et moi aussi j’aime grandement
9 janvier 2011, 13:05, par Juliette Mézenc
you’re welcome candice :)